Le champ du social en difficulté face à la dématérialisation

Si la dématérialisation est perçue comme un mouvement inexorable, les travailleurs sociaux sont contraints de s’adapter. Tous les champs de l’action sociale ne sont  pas concerné de la même manière. Le champ de l’insertion est le plus touché. En effet, actuellement les domaines impactant le plus les besoins en formation au numérique des usagers et par ricochet les travailleurs sociaux sont les prestations sociales tel que la CAF et l’accès à l’emploi tel que Pôle emploi.

En tant qu’éducateurs spécialisés, on constate que durant nos activités professionnelles que les moyens matériels ne sont pas toujours accessibles en fonction des problématiques des personnes précaires.

 

Les difficultés du public face au numérique

Les moyens financiers un frein à l’accessibilité des TIC

Les personnes précaires se heurtent au problème de l’accessibilité des NTIC par manque de moyens financiers. En effet, pour effectuer leur démarche administrative, ils doivent avoir accès à un ordinateur ainsi qu’une connexion internet. Chaque territoire n’ayant pas le même accès à ces ressources le public doit s’adapter à son milieu en plus de ses problématique. Par exemple, les villes seront plus à même de posséder un ou plusieurs cybercafés, des espaces numériques publics ou encore des structures sociales proposant ses services numériques. Sans ces derniers, l’usager est dans l’obligation de payer une installation complète qui peut ne pas être dans ses moyens.

La non maitrise de l’informatique 

L’accès aux NTIC demande des compétences en informatique notamment une maîtrise de certains logiciels de traitements de texte ainsi qu’un accès direct à internet. Cependant, les personnes en précarité voire en situation de rue ont une mauvaise maîtrise des outils numériques liée à un usage limité. Ils peuvent alors se retrouver en difficulté face à l’utilisation d’une messagerie téléphonique ou électronique, et à manipuler les différentes fonctions des nouvelles technologies (téléphone, ordinateur). Les compétences informatiques requises pour exploiter au mieux le numérique s’acquierent donc par une pratique journalière des outils afin de les intégrer pleinement dans notre quotidien. Cependant, certaines personnes précaires sont issues de pays étrangers. Par conséquent, au-delà de leur difficulté avec les TIC, ils se retrouvent face à la barrière de la langue. Ici la lecture et l’écriture du français est indispensable. Les personnes en difficulté avec la langue française vivent dans un monde dit « d’oralité », ce qui ne correspond pas avec les NTIC. Le public assiste donc à une fracture entre le dossier papier et le numérique. Par ailleurs, on constate une fracture générationnelle quant à l’utilisation des NTIC.

Méconnaissance des dangers du numérique

De plus, la non utilisation des NTIC amène à d’autres problèmes tels que la méconnaissance de l’environnement internet et de ses enjeux de sécurité des données personnelles comme les Identifiant CAF, coordonnées bancaires, codes confidentiels. Elles ne sont donc pas aptes à protéger leur identité numérique.

Des compétences mal partagés.

En effet, les enfants sont plus à mème de maîtriser le numérique que leurs parents. Cet apprentissage précoce engendre une relation inversée entre parent/enfant. Il induit également la dépendance des parents à leurs enfants et aux travailleurs sociaux pour pouvoir utiliser internet et effectuer leur démarche correctement.
E-exclusion

L’accompagnement dans le numérique

Les travailleurs sociaux logés au même titre que les personnes accompagnées

Au sein du travail social, l’intervenant joue un rôle primordial. La fracture générationnelle existant entres les parents en situation de précarité et leurs enfants se retrouve également entre travailleurs sociaux. Les éducateurs spécialisés et les assistantes sociales du moment, tout juste diplômés ont grandi dans l’univers des TIC. Ils sont donc par conséquent plus aptes à accompagner les accueillis à partir de leur propre connaissance informatique. Ces connaissances leurs permettent de rapidement identifier la demande, et de savoir comment y répondre.

Un accompagnement pour l’autonomie

Les intervenants sociaux quelle que soit leur compétence numérique favorise un accompagnement de « faire avec » pour renvoyer le public dans une démarche d’autonomisation. Cette perte d’autonomie est engendrée par les TIC ce qui amène à la déshumanisation du public et engendre une perte d’interaction dans la relation entre le travailleur social et l’accueilli. Dans ce processus de « faire avec », le travailleur social prend son temps d’expliquer chaque étape des démarches afin de remplir un dossier de façon numérique. Ce dernier favorise l’autonomie à travers l’assimilation de compétences concernant l’accès au net. Les démarches réalisées avec la personne en précarité sont multiples. Les plus fréquentes concernent la prise de rendez-vous, la rédaction de CV, de lettre de motivation et de mail ou encore les déclarations de CAF et Pôle emploi.

Le travailleur social garant de l’accompagnement.

Si le travailleur social est source d’un accès direct au numérique par le biais de sa structure sociale.

Il peut également orienter le public plus ou moins capable d’utiliser les TIC vers des cyber-cafés ou des locations de matérielles. Mais pour que cette orientation soit possible, l’accompagnement social devra se faire en amont.

Tout d’abord le travailleur social aura pour mission de dédramatiser la vision des personnes en précarité face au numérique. En effet, souvent ce sont des personnes avec un manque de confiance en soi et une appréhension de l’outil numérique. Une fois les appréhensions détruites, il va devoir expliquer clairement les démarches à réaliser par étape afin de pouvoir remplir les documents administratifs eux-mêmes. 

 Les limites du numérique

 La non formation une limite de l’accompagnement social

L’accompagnement des personnes précaires face au numérique se fait par les connaissances du travailleur social. En effet, ce dernier s’appuie sur ses connaissances personnelles et professionnelles afin d’amener au mieux les accueillis à réaliser leur démarche par eux même. Cependant, le travailleur social n’est pas formé au sein de sa formation à l’évolution technologique. Certains travailleurs sociaux ce sont interrogés et ont fini par considérer qu’un atelier informatique aurait amplement sa place dans le service social. D’autres estiment que l’atelier informatique permettrait un gain de temps dans le cadre de leur accompagnement.

Une question de point de vue

L’informatique au sein d’un accompagnement ne relève pas des missions premières du travailleur social. Ce dernier doit donc accepter l’évolution du numérique et accompagner l’accueilli à remplir son dossier administratif.

Un problème plus profond

Les structures aujourd’hui sont largement informatisées. Cependant certaines subissent encore des problèmes d’équipement que ce soit en termes de nombre d’ordinateurs mis à la disposition des professionnels. De plus, bien que les structures aient les moyens de se procurer une ligne de connexion, leur réseau et leur débit reste parfois limité.

Source : http://www.les-cahiers-connexions-solidaires.fr/wp-content/uploads/2016/04/%C3%89tude_Le-num%C3%A9rique-au-sein-de-lAction-Sociale-dans-un-contexte-de-d%C3%A9mat%C3%A9rialisation.pdf